L'étape du Tour 2014 Pau-Hautacam, froide et humide
Pour ma cinquième étape du tour, c'est un retour aux sources, puisque je reviens à Pau 5 ans après ma première participation en 2010 à l'EDT Pau - Tourmalet.
Cette fois j'ai rendez-vous sur Pau avec mes amis Californiens Stephen et Brian, eux-mêmes accompagnés d'autres amis Californiens aussi, Jess et Charlie. Jess travaille dans le monde du vélo puisqu'il tient le plus grand magasin de vélos de Sacramento : "City Bike Works".
Nous avons réservé un appartement sur Pau pour la semaine, car ils souhaitent tous profiter au maximum du passage du tour de France dans la région. On les comprend, pour faire 18h d'avion, il faut que ça vaille le coup :-)
Dés le samedi matin, nous sommes prêts à partir Stephen, Brian et moi pour un petit échauffement sur la route que nous emprunterons le lendemain en course. Charlie a bien amené quelques bières pour fêter cette étape, mais on va être sage et attendre dimanche soir pour trinquer ;-)
Stephen m'offre un super maillot de Californie, acheté justement au magasin de Jess, cette petite sortie reconnaissance autour de Pau,est l'occasion de le porter ;-)
Stephen avec son beau maillot de l'Alpe d'Huez acheté en 2013, je porte le beau maillot de Californie qu'il vient de m'offrir :-)
Avec Jess, le propriétaire du plus grand magasin de vélo à Sacramento, "City Bicycle Works", il connait presque la France comme nous ! "Okay, voilà" sont ses mots préférés ;-)
Avec Stephen et Brian, mes compagnons de l'an passé sur Annecy ou l'Alpe d'Huez, motivés comme jamais pour cette EDT Pau-Hautacam !
Au retour sur Pau après cette petite mise en jambe, nous croisons Nicolas Roux que j'interpelle et qui vient discuter quelques minutes avec nous.
Vraiment sympa et ouvert Nicolas, l'un des meilleurs cyclosportifs de France : il a gagné le second acte de l'EDT en 2012 dans les Pyrénées, ainsi que l'EDT 2013 à Annecy, un sacré champion !
J'évoque avec lui sa tentative de record du tour du Mont Blanc 2014, 330 kms pour 8000m D+ en solitaire et sur un rythme incroyable, quel exploit !
Vraiment dommage qu'il ait eu un gros orage dans la dernière ascension sinon le record était vraiment à sa portée !
Nous finissons ensuite la journée au village étape comme chaque année. Je retrouve sur place mon ami Patrick, lui aussi inscrit pour cette EDT 2014 Pyrénéenne, et de surcroît avec un super dossard n°68 ! Il partira donc comme moi dans le premier sas n°0.
Les 4 "riders" fin prêts pour l'étape de demain ! La météo ne sera pas top, voire humide, il faudra être prévoyant pour les vêtements, il ne fera pas chaud en haut du Tourmalet...
Dimanche matin, je me lève à 4h30 pour prendre mon petit déjeuner assez tôt et avoir le temps de digérer avant le départ prévu pour 7h.
Je n'ai pas fermé l'oeil depuis 1h du matin, donc ce lever matinal ne me pose pas de problème.
Dés 6h10, je quitte l'appartement pour rejoindre mon sas de départ n°0 sur la place centrale de Verdun à Pau. Il commence déjà à s'entasser un certain nombre de coureurs, tout a l'heure il y aura plus de 10.000 cyclos ici sur une même place vidée pour l'occasion, incroyable ! Le temps est très nuageux et menaçant mais il ne pleut pas pour l'instant.
Arrivé à 6h20 dans mon sas, Patrick me rejoint environ 10 minutes plus tard, il a pu retrouver dans la foule mon dossard n°612 :-)
Autour de nous dans le sas, j'aperçois quelques coureurs renommés comme Peter Pouly ou Loïc Ruffaud, qui font respectivement 1er et 2nd à la Marmotte cette année ! Avec Nicolas Roux, Lilian Jegoux, et bien d'autres encore, le plateau sera très relevé aujourd'hui...
Le départ est donné comme prévu à 7h, et ça part devant comme des avions dans les rues de Pau !
Les routes sont sèches pour le moment, espérons que ça dure...Je m'accroche pour rester dans les roues,quitte à faire grimper le cardio assez haut, Patrick ne cherche pas à suivre ce rythme de dingue pour un départ...il a raison...car après quelques kilomètres le peloton déjà bien étiré est obligé de ralentir considérablement au passage de zones étroites ou dangereuses dans les villages.
Je me retrouve donc à nouveau avec mon ami Patrick dans le peloton de tête très volumineux. Le rythme accélère à nouveau et mon compteur indique plus de 45 km/h...
Un peu plus loin un chat traverse brusquement la route, manquant de faire tomber Patrick et je suis surpris moi aussi par les brusques écarts des coureurs devant moi, première frayeur aujourd'hui !
Au kilomètre 27, peu avant la côte de Bénéjacq, alors que nous roulons assez vite, nous passons sur un dos d'âne et je perds mon bidon arrière...grosse galère...! Je ne peux traverser la route pour le récupérer tellement il y a de coureurs dans le peloton, et suis obligé de laisser passer tous les coureurs avant de retourner en arrière pour le récupérer.
Un autre cyclo a perdu lui aussi son bidon au même endroit. Nous voyons le peloton filer au loin et nous nous retrouvons rapidement seuls tous les deux avec aucun autre groupe à l'arrière pour pouvoir s'y raccrocher...
Pas le choix, il va falloir faire un gros effort à deux pour essayer de revenir sur une partie de notre peloton. Heureusement pour nous, la côte de Bénéjacq à seulement 2 ou 3 kilomètres devrait faire quelques écarts et nous pourrons sans doute y rattraper quelques lachés pour reformer un groupe.
Et dire qu'il reste encore près de 50 kms à parcourir en terrain "vallonné" avant d'atteindre le pied du col du Tourmalet ! Pas un terrain à laisser un grimpeur de 62 kgs tout seul sans groupe où se cacher ;-) ;-) !
Je prends donc des relais très appuyés avec l'autre coureur, et comme prévu nous arrivons à rattraper quelques cyclos dans la côte de Bénéjacq.
Petit à petit, nous reformons un petit peloton qui grossit au fur et à mesure des kilomètres. Au loin nous pouvons aperçevoir, environ 2 minutes devant nous, le peloton initial où se trouve sans doute Patrick. C'est donc 2 minutes perdues pour ce fichu bidon,mais surtout pour moi quelques "cartouches" qui risquent de me manquer dans la montée finale d'Hautacam...tant pis, il faudra faire avec !
Nous poursuivons la route via les villages de Pontacq, Ossun, Lanne, Bénac, Orincles, puis abordons la côte de Loucrup au kilomètre 56, une belle côte qui use, mais pas assez longue pour faire des écarts et nous permettre de rattraper certains du peloton de devant.
Nous rejoignons maintenant Bagnères de Bigorre, puis traversons Campan et arrivons à Ste Marie de Campan, au pied du Tourmalet, après déjà 80 kms et 1200m D+ depuis Pau. La moyenne au compteur est d'environ 33,5 km/h.
Au pied du Tourmalet, j'ai environ 1min30 de retard sur Patrick qui se trouve toujours dans le peloton où nous étions au départ. Mon peloton aborde les premiers kilomètres du col, pourtant peu pentus jusqu'à Gripp, sur un rythme insuffisant selon moi, et je préfère donc partir seul à l'avant pour essayer de rejoindre Patrick sur cette première grosse ascension.
Déjà les routes sont détrempées et je me retrouve rapidement dans une brume humide, puis il se met à bruiner. Je grimpe sans trop savoir où je me situe car on n'y voit pas à 30 mètres avec ce brouillard..Je double un certain nombre de cyclos dans la montée jusqu'à La Mongie, mais toujours pas de Patrick à l'horizon...il faut dire que la visibilté est nulle donc l'horizon se limite à 50m ;-)
A la Mongie, je fais une halte à 5 kms du sommet du Tourmalet pour faire le plein de coca-cola au ravito. C'est sans doute ici que je double Patrick sans le savoir, car lui aussi fait une halte au même ravito, mais la visibilité est si faible que nous devons nous croiser sans même nous en rendre compte !
Je poursuis ma grimpée "au cardio" jusqu'au sommet, calé à environ 168 puls/min, il pleut de plus en plus...ça promet pour la descente !
Un spectateur m'indique que je suis en position 196...mais un coureur derrière moi me dit : "t'inquiètes, si t'es en forme dans Hautacam...tu en récupères 100 !"...sans doute un cyclo du coin qui connait bien la difficulté de la dernière ascension !
Au sommet du Tourmalet, il doit faire environ 8°C, mais avec l'humidité...glaglagla !
J'ai monté les 17 kms du Tourmalet (1242m D+, 7% moy.) en 1h11min39, malgré la pause ravito à la Mongie.
Malgré les conditions météo exécrables et glaciales, je ne prends pas le temps de mettre ma veste de pluie que j'ai pourtant avec moi, je me contente de remonter mes manchettes et me lance prudemment dans la descente. J'imagine que Patrick est encore devant moi alors qu'en fait il est sans doute juste quelques centaines de mètres derrière.
Petit aperçu de la météo au Tourmalet...
Je sais que les premiers lacets sont dangereux, et sur cette route toute trempée et sans visibilité je ne prends aucun risque.
Patrick, lui, malgré beaucoup de prudence comme moi, chute au premier lacet tellement la route est glissante, heureusement sans gravité. Il peut remonter de suite sur le vélo et poursuivre sa course.
Un peu plus loin dans la descente, lorsque les routes sont moins sinueuses, je prends de la vitesse, mais je suis vraiment glacé avec cette humidité et ce froid, heureusement que la température ne descend pas trop bas...
Apès 19 kilomètres de descente glaciale (vitesse moyenne dans la descente : 47,5 km/h), j'arrive enfin à Luz Saint Sauveur, une délivrance ! Je suis acclamé au centre du village à mon passage, vraiment un bel accueil ici :-)
Je poursuis la route en solo en direction d'Argelès-Gazost via les gorges du Luz. Les routes sont trempées ici aussi mais il ne pleut plus. Encore 14 kms à parcourir pour arriver au pied de la dernière ascension.
Après quelques kilomètres de faux-plats, un coureur me rejoint par l'arrière. Un peu plus tard, deux autres coureurs anglais semble-t-il nous doublent comme des avions et nous incitent à former un groupe.
Nous prenons chacun notre tour des relais appuyés à plus de 40 km/h jusqu'au pied de la dernière ascension, ce qui permet de remonter nettement la moyenne après une descente du Tourmalet plutôt "bridée" par ces conditions météos !
Cela permet aussi de "sécher" car après la descente du Tourmalet j'étais vraiment trempé !
Au pied d'Hautacam, j'ai environ 29,8 km/h de moyenne au compteur. Je me demande bien où est Patrick car je ne l'ai toujours pas revu depuis le kilomètre 27 !
Il est toujours juste derrière moi, sans doute à moins d'un kilomètre, mais je ne le sais pas, drôles de conditions de course ;-)
Il reste maintenant à "finir le travail" avec cette belle montée de 13,2 kms à 8% de pente moyenne !
Il y a une foule dingue ici pour nous encourager sur cette dernière grimpée, surtout sur les deux premiers kilomètres, vraiment sympa !
Avant d'attaquer l'ascension,je m'arrête une nouvelle fois au ravito du pied pour refaire le plein des gourdes, on ne sait jamais ;-) Je laisse donc filer mes trois compagnons de route depuis Luz Saint Sauveur, que je rattrape ensuite au fur et à mesure que la route s'élève.
Je ne me sens pas trop mal sur cette grimpée, si je compare à l'an passé sur la montée finale du Semnoz. Mais il faut dire qu'il fait bien moins chaud aujourd'hui, et ces températures me conviennent bien.
Après quelques kms, un spectateur m'indique que je suis en position 145.
Malgré les rampes très raides à certains endroits, les jambes répondent bien et mon allure est correcte. Je double sans trop m'en rendre compte un certain nombre de participants, y compris celui avec qui j'étais après la Mongie et qui semblait bien connaître cette ascension.
Je sais que les deux derniers kilomètres seront moins pentus, aux environs de 6%, cela permet de garder le moral dans les passages très dûrs à 11,5% !
Mon cardio est toujours au même rythme aujourd'hui, aux alentours de 168-170 puls, et je "gère" donc, comme j'en ai l'habitude sur les longues sorties montagne.
Peut-être pourrais-je accélérer un peu plus ?, mais je ne préfère pas tenter, on ne sait jamais, je ne voudrais pas avoir de crampes à quelques kilomètres de l'arrivée...les jambes sont quand même éprouvées après ces deux grosses montées hors-catégorie ;-)
J'arrive au sommet vers 12h36 puisque le panneau d'affichage "Finishers" indique un temps de 5h36min officiel (temps puce "réel" : 5h32), et une position de 109 ème finisher sur la ligne.
Je suis vraiment content de ce résultat car c'était vraiment mal parti avec la perte du bidon au début du parcours sur la longue approche du Tourmalet !
Je prends le temps de me ravitailler au sommet d'Hautacam, puis redescends tranquillement et surtout prudemment sur Argelès-Gazost, car la route est séparée en deux, entre ceux qui grimpent, et ceux qui descendent. De plus, il se remet à pleuvoir et il y a de nombreux spectateurs un peu partout donc danger.
Je retrouve Stéphanie à Argelès-Gazost et récupère la belle médaille de Finisher :-)
Je retrouve Patrick à l'arrivée et nous nous racontons mutuellement notre course car finalement nous nous sommes complètement perdus de vue après cette perte de bidon !
Je retrouve également mon ami Thomas qui a dû malheureusement abandonner dés les premiers kilomètres à cause d'une crevaison sur son boyau arrière. Thomas, toujours aussi sympa, a d'ailleurs échangé sa roue avant avec un autre coureur ayant lui aussi crevé (mais de l'avant), pour lui permettre de poursuivre son EDT, beau geste !
Nous partons nous ravitailler et quittons Argelès-Gazost pour Pau un peu plus tard dans l'après-midi.
Stephen et Brian ne sont pas encore arrivés, mais il pleut de plus en plus ici, et nous devons ramener Thomas et Patrick sur Pau avant 19h.
Charlie et Jess seront là pour accueillir et récupérer avec leur voiture, Stephen et Brian qui ont dû bien en baver avec ces conditions météo dantesques de fin d'après-midi !!
Classement final, après l'arrivée de tous les coureurs et la prise en compte de tous les temps réels de chaque puce :
- Brian : 8170 ème scratch (10h01)
- Stephen : 6956 ème scratch (9h02)
- Patrick : 161 ème scratch (5h39) - 7 ème / 1209 catégorie d'âge 50-54 ans
- Moi : 112 ème scratch (5h32) - 14 ème / 1515 catégorie d'âge 40-44 ans
Au total près de 10.000 partants ce matin de Pau sur les 13.500 inscrits initialement.
A l'arrivée, 8453 finishers.
Le parcours :
Pau - Gélos - Bosdarros - Pardiès-Piétat - Saint-Abit - Arros-de-Nay - Bourdettes - Nay - Bénéjacq - Labatmale - Côte de Bénéjacq (465m) - Pontacq - Ossun - Lanne - Bénac - Orincles - Côte de Loucrup (470m) - Montgaillard - Trébons - Pouzac - Bagnères de Bigorre - Asté - Beaudean - Campan - Ste Marie de Campan - Gripp - La Mongie - Col du Tourmalet (2115m) - Barèges - Betpouey - Viella - Esterre - Luz Saint Sauveur - Esquièze-Sère - Saligos - Chèze - Villelongue - Beaucens - Préchac - Ayros-Arbouix - Artalens-Souin - Vier-Bordes - Beaucens - Hautacam (1520m)
148 kms - 3650m D+ (2,47%) - 5h32 (26,74 km/h)
Le podium inédit de cette étape du Tour 2014 Pau-Hautacam avec la victoire de Loïc Herbreteau devant Peter Pouly et Nicolas Loustaunou
Le soir, nous retrouvons Stéphanie et moi vers 20h, nos quatre amis Californiens à l'appartement.
Ils nous racontent leur course, et les conditions dantesques qu'ils ont rencontré dans la montée du Tourmalet, comme dans la descente et y compris dans la montée finale d'Hautacam !
De vrais guerriers qui n'ont rien lâché jusqu'au bout, le couteau entre les dents !!
Ils méritent encore plus que nous cette belle médaille de "Finisher" dont ils sont si fiers, un sacré souvenir pour eux de leur voyage en France en 2014 :-)
La vidéo de l'EDT 2014 Pau-Hautacam
Vidéo au kilomètre 133, avant d'attaquer la montée finale d'Hautacam (mon passage à 4min18s sur la vidéo)
Un grand merci à tous les amis pour leurs encouragements via téléphone, SMS, email ou via même Strava:-) :-) :-) Merci à Fred pour ses conseils météo ;-)
Le lendemain matin, visite du Château de Pau et surtout, l'après-midi, visite exceptionnelle de la fabrique de Sonnailles DABAN à Nay. Ces artisans de père en fils depuis 1795 nous ont réservé un accueil sur-mesure et en anglais !, vraiment très sympa car nous ne les avions pas prévenus.
Nos amis Californiens repartiront de France avec un souvenir typiquement Béarnais, pour chacun une belle sonnaille de vache pyrénéenne :-)
Visite avec toute l'équipe, de l'usine DABAN de Nay, de fabrication artisanale de Sonnailles, exceptionnel !